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Publié le 20/01/2020 Par Guillaume Lefèvre

 « Nous voulons que les agents prennent du plaisir à travailler », explique Jacky Meslin. Ex-secrétaire général du Syndicat CFDT Interco 56 (collectivités locales et ministère de l’Intérieur du Morbihan), ce militant, qui vient tout juste de passer la main, promeut la démarche du bonheur au travail depuis 2015 dans le département. Un objectif ambitieux, lancé au lendemain des élections municipales de 2014.

À l’époque, le nouveau maire de la commune d’Auray s’attaque au temps de travail des agents municipaux. « Un véritable traumatisme pour les personnels de la ville, mais aussi pour les collègues des collectivités voisines, qui y voient un avertissement », se souvient Jacky Meslin. Dans le même temps, les collectivités du département sont en pleine réorganisation. L’ambiance est morose chez les 18 000 agents du territoire. Le sentiment d’insécurité face à l’avenir s’intensifie. Plusieurs agents mettent fin à leurs jours. « Il fallait trouver un moyen de répondre à ces drames. On ne pouvait pas rester impuissants, au risque que la situation n’empire, mais aussi au risque de provoquer un désenchantement vis-à-vis du syndicalisme. »

Créer un cercle vertueux

Le syndicat, qui pèse plus de 40 % des voix dans le département, réagit. Il organise à Auray un forum CFDT sur le bonheur au travail. Un pari osé. Les agents s’interrogent sur le vivre-ensemble et sur la notion de bien-être.
 Ils s’expriment sur les actions qu’ils voudraient mettre en place. L’événement est un succès qui encourage la CFDT à poursuivre dans cette direction. Le syndicat participe ainsi aux universités du bonheur de la fabrique Spinoza, un « think tank du bonheur », comme elle se qualifie elle-même. « Nous voulions montrer que le mal-être au travail a un coût pour l’employeur ; qu’investir dans la prévention, c’est économiser dans la réparation », précise Jacky Meslin.

Dans la foulée, le syndicat élabore un temps fort avec une intervenante inhabituelle. Il invite une chief happiness officer, une manageuse du bonheur. Un choix surprenant : « On avait besoin d’être bousculés dans nos pratiques », convient Jacky. « L’action collective oublie parfois de mettre les individus au cœur du projet, si la rémunération contribue à la satisfaction, elle ne garantit pas le bonheur, analyse la CHO Erika du Prémorvan. Le bonheur répond à de multiples interrogations. Suis-je épanoui dans mon travail ? Est-ce que j’ai une attitude correcte avec mes collègues ? Comment puis-je améliorer le service rendu ? Est-ce que mon avis est pris en compte ? Il faut un accompagnement sur mesure. Chacun à une problématique et des besoins différents. »

Cette démarche a conquis Kerian Boivin, secrétaire de la section de la ville de Vannes. Une enquête menée par son équipe révèle ainsi que les questions de santé et de bien-être sont une priorité des agents, loin devant le pouvoir d’achat. Avec l’appui de la CHO, la section veut à présent impulser une dynamique de qualité de vie au travail en partant des initiatives qui existent déjà dans la collectivité. Il y a par exemple un service de télémédecine qui permet depuis un an aux agents de la ville et à leur famille de bénéficier, gratuitement, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, d’un accès à des professionnels de santé. Cet outil, encore méconnu des agents, est un levier dont l’équipe compte se saisir pour promouvoir sa démarche. « Des agents épanouis offriront un travail de qualité, au bénéfice des habitants, qui seront eux-mêmes satisfaits. Et ainsi de suite ! Le bonheur entraîne le bonheur. C’est ce cercle vertueux que nous voulons créer », conclut Jacky. 

©Illustration Oriane Safré-Proust

Tag(s) : #dossiers
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