publié le 05/11/2015 à 10H55 par Claire Nillus
La Cop 21, pour quoi faire ? C’est un événement diplomatique majeur accueilli par la France et aussi l’une des plus grandes conférences jamais organisées sur le climat. La Cop 21, vingt et unième Conférence des parties sur les changements climatiques, réunira 196 pays fin novembre à Paris en vue de signer un accord mondial sur le climat. Que faut-il en attendre ?
Pourquoi la Cop 21 occupe-t-elle une place à part dans le calendrier de la lutte contre le réchauffement climatique ? D’abord, parce qu’il y a urgence. Ensuite, parce c’est à la France, pays hôte, que revient la responsabilité de faciliter l’aboutissement des négociations. C’est un rôle plutôt complexe puisque les décisions ne pourront être prises qu’à l’unanimité. Enfin, parce que, de l’avis de tous les experts, c’est une étape indispensable. Il n’y a pas d’alternative face au défi du dérèglement climatique sinon un accord ambitieux et contraignant qui s’appliquerait à tous les pays. Or, il n’y a pas eu d’accord mondial depuis 1997 avec le protocole de Kyoto. Cette convention, entrée en vigueur en 2005, fixait pour la première fois des objectifs de réduction des émissions de CO2. Elle arrivera à échéance en 2020. De plus, seuls les pays industrialisés étaient concernés, et les plus gros émetteurs, comme la Chine ou les États-Unis, ne l’ont jamais ratifié. Les signataires représentent donc aujourd’hui seulement 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
À Copenhague, dernière tentative en date pour aboutir à un consensus mondial, les négociations ont échoué, faute d’un accord avec la Chine et les États-Unis. Mais depuis, la mobilisation pour le climat a évolué : les États-Unis sont enfin moteur sur cette question, et les grands pays émergents, qui n’ont pas voulu s’engager en 2009, semblent mieux disposés. Après six ans de travaux préliminaires, tous les espoirs se tournent aujourd’hui vers Paris. On espère aboutir à l’issue de la Cop 21 à un accord contraignant qui intègre notamment un mécanisme de révision tous les cinq ans pour recalculer de nouveaux objectifs. Car au vu des déclarations des pays ayant déjà fait connaître les mesures qu’ils envisagent de prendre, on continue de dépasser les 2 °C d’augmentation maximale.
Tout est-il joué d’avance ?
Il existe un élément nouveau par rapport aux vingt précédentes Cop. Chaque pays a été invité à publier sa contribution en amont de la Conférence de Paris, soit les mesures qu’il s’engage à prendre en vue de réduire ses propres émissions de CO2 – par exemple, en modifiant ses techniques de production. Au début du mois d’octobre, outre l’Union européenne, qui parle d’une seule voix au nom des Vingt-Huit, 148 pays sur 196, couvrant environ 85 % des émissions mondiales, avaient déjà déposé leurs contributions. Toutefois, Nicolas Hulot, l’envoyé spécial du président de la République pour la planète, les juge insuffisantes.
Les négociations des « parties » auront lieu entre les cinq grandes régions du globe (Afrique, Asie-Pacifique, Europe de l’Est-Europe centrale, Amérique latine-Caraïbes, Europe de l’Ouest), mais une douzaine de coalitions de pays partageant des intérêts communs vont faire pression. Elles devront se prononcer sur les points de débat contenus dans le texte de l’accord final, un document de 55 pages, préparé en amont de la Cop, qui servira de support aux négociations. Et les sujets soumis aux débats sont nombreux.
Les points qui feront débat
Les contributions des États jugées peu ambitieuses ou imprécises seront discutées. L’objectif global de l’atténuation n’est pas non plus suffisamment défini : il y a actuellement beaucoup d’options sur la table concernant l’objectif global de long terme à atteindre : 2 °C au maximum ? Ou 1,5 °C comme le réclament les petits États insulaires particulièrement exposés ?
Les États devront s’engager sur le financement de l’adaptation au changement climatique (reconversions industrielles, rénovation du bâti, modernisation des transports, développement des énergies renouvelables, etc.). Là encore, on mise sur un préaccord afin d’éviter un échec. L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a planché sur la question début octobre et annoncé 62 milliards de dollars : or le Fonds vert, qui doit permettre aux pays du Sud de s’adapter au changement climatique, prévoit un versement de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Là encore, on est loin du compte. Les négociateurs devront également revenir sur les sources de ce financement. Qui doit donner de l’argent ? Pour l’instant, ce sont les pays développés. Mais dans le groupe des pays en développement, il y a les riches comme les pays du Golfe, et d’autres pays comme la Corée du Sud et le Mexique qui n’ont, à ce jour, aucune obligation financière. Tout cela doit être débloqué à Paris.
La question de la mise en œuvre
L’ensemble des parties devra se mettre d’accord avec un système de transparence qui permette la collecte de données, sachant qu’actuellement les pays développés ont des obligations que les pays émergents n’ont pas, ce qui pose problème. L’autre enjeu de la transparence est la question de la « non-mise en œuvre », car, pour l’heure, ne pas respecter ses engagements n’entraîne aucune conséquence. Même avec l’accord le plus ambitieux, la question de sa mise en œuvre restera cruciale, et le chemin à parcourir très long.
La Cop 21 ne sera pas un coup de baguette magique qui changera le monde mais, on l’espère, une étape décisive pour un nouveau modèle de développement de nos sociétés.