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publié le 08/07/2015 à 11H36 par Adeline Farge
Depuis dix-sept ans, la CFDT se mobilise dans toutes les régions, les cafés, restaurants, commerces et parcs d’attractions, pour défendre les droits des travailleurs saisonniers.
Pour sa campagne estivale, l’Union régionale Nord-Pas-de-Calais a fait une halte à Berck-sur-Mer le 3 juillet. Les militants, aux couleurs de la CFDT, sont partis à la rencontre des travailleurs saisonniers employés dans cette station balnéaire afin d’écouter leurs préoccupations et les informer de leurs droits. Lors de leur tournée, ils ont distribué des tracts, une enquête, le guide des saisonniers et des livrets. « Nous conseillons aux saisonniers de noter leurs horaires de travail en vue de faire valoir leurs droits en fin de saison. Le paiement des heures supplémentaires est la principale source de litiges avec l’employeur. Nous leur remettons les coordonnées de l’Uri pour qu’ils nous contactent s’ils rencontrent des difficultés », raconte Yannick Ghoris, secrétaire régional de la CFDT-Nord-Pas-de-Calais.
L’occasion de toucher des salariés que l’on voit peu
Lors de sa dernière saison, Lena, serveuse dans un café, a cumulé les ennuis : heures annulées à la dernière minute, difficultés à obtenir son attestation employeur, non-respect du contrat de travail : « C’est bien que la CFDT aille dans les entreprises rencontrer les saisonniers. Les jeunes ne sont pas informés de leurs droits, et les employeurs en profitent. » D’ailleurs, l’aide apportée n’est pas que ponctuelle : « Je ne connaissais pas les dispositifs de formation professionnelle. Ces renseignements me seront utiles pour suivre une formation en coiffure. » Tout cet été, les militants CFDT sillonnent les zones touristiques de l’Hexagone pour écouter, conseiller et informer les saisonniers. Objectifs ? Améliorer leurs conditions de travail, les aider à faire respecter leurs droits et leur proposer un accompagnement en cas de difficulté. « La campagne est une action de proximité auprès des saisonniers. Pour la majorité d’entre eux, cet emploi est leur première expérience professionnelle. Il est donc important de les sensibiliser au code du travail et de les éclairer sur le rôle des syndicats », explique Pascal Marco, secrétaire confédéral chargé du pilotage de la campagne Saisonniers.
Cette année, de nombreuses opérations ciblent jusqu’au mois d’octobre l’agriculture, secteur pourvoyeur de 800 000 contrats estivaux par an. Dans les Pyrénées-Orientales, les militants CFDT sensibilisent les saisonniers qui font la cueillette des fruits. « La campagne nous permet d’être présents dans les exploitations agricoles, où nous sommes peu implantés. Les travailleurs connaissent de terribles conditions de précarité. Nos actions mettent en lumière les abus et permettent de défendre les droits des salariés, dont certains viennent de l’étranger », explique Claudine Lavail Darder, secrétaire générale de l’Union départementale des Pyrénées-Orientales. La campagne constitue aussi l’occasion de toucher des salariés que la CFDT côtoie rarement dans les entreprises. Les actions ont été élargies aux salariés permanents des TPE, et des informations leur sont diffusées sur leurs nouveaux droits : complémentaire santé, droits rechargeables, compte pénibilité, compte personnel de formation.
Une image positive du syndicalisme
Afin de donner de la visibilité à la campagne, les unions régionales privilégient les lieux touristiques. L’Uri Pays de la Loire distribuera au personnel du Puy du Fou et de Terra Botanica des plaquettes d’information. L’Uri Bretagne tiendra un stand au Festival des vieilles charrues, à Carhaix-Plouguer. Les militants seront également présents vendredi à l’arrivée de la septième étape du Tour de France, à Fougères. En Picardie, ils rencontreront les salariés des musées lors des commémorations de la bataille de la Somme. Le 29 juillet, les Uri CFDT Nord-Pas-de-Calais, Île-de-France et le Syndicat CFDT des services de Picardie s’impliqueront dans une action commune au parc Astérix.
Par ailleurs, des concerts, animations et jeux seront organisés dans les villes. L’Union régionale de Lorraine invite ce 9 juillet à Gérardmer une fanfare avec musiciens et artistes. « Les actions de la campagne Saisonniers apportent un côté ludique et convivial. Ces festivités renvoient une image positive de la CFDT, loin de l’image traditionnelle du syndicalisme », souligne Pascal Marco. La campagne est pour les plus jeunes l’occasion de découvrir de nouvelles pratiques syndicales et d’échanger avec des militants de tous les secteurs professionnels. « En dehors de leur entreprise, ils vont découvrir de nouvelles réalités professionnelles et pratiquer le syndicalisme autrement. Mais aller à la rencontre des salariés n’est pas évident pour tout le monde », confie Stéphane Vannson, secrétaire régional de Lorraine, qui organise des jeux de rôle afin de préparer ses troupes avant chaque étape. Car les unions régionales s’attellent à la campagne bien avant la période estivale. L’Uri Lorraine participe aux forums emploi saisonnier organisés sur son territoire comme celui du parc d’attractions Walygator. Les Uri Pays de la Loire et Bretagne se rendent dans les centres de formation des apprentis, les lycées et universités. « Nous anticipons les difficultés et créons du lien avec eux avant qu’ils ne commencent. Durant nos actions estivales, nous les rencontrons dans un contexte plus contraint : quand les employeurs ne sont pas loin, les échanges sont plus brefs », regrette Anne-Flore Marot, secrétaire régionale chargée du dossier saisonnier en Pays de la Loire.
Une multitude d’outils à la disposition des équipes
Sur le thème « Vos droits ne sont pas en vacances ! », la Confédération édite des outils visant à sensibiliser les salariés saisonniers. Un guide spécifique récapitule les informations à connaître : le contrat de travail, le calcul des heures supplémentaires, les temps de travail et de repos, les obligations de l’employeur, la gestion de la fin de contrat et le droit au chômage. De leurs côtés, les fédérations fournissent aux unions régionales des livrets sur les spécificités de leur secteur professionnel (hôtels-cafés-restaurants, agriculture, thermalisme, animation). Ces derniers présentent les avantages sociaux, les conventions collectives, les grilles salariales, l’organisation du travail dans la branche professionnelle. Pour s’adresser aux travailleurs étrangers, la fédération de l’agriculture a traduit ses plaquettes en plusieurs langues. L’enquête saisonniers 2015 facilitera le contact des équipes avec les saisonniers, permettant d’aborder avec eux les conditions de travail, d’hébergement et de transport. « Notre objectif est de recueillir des informations afin d’avoir une lecture fine de l’emploi saisonnier. Si nous souhaitons proposer un accompagnement et des actions pertinentes aux salariés, nous devons connaître leur situation dans leur travail et en dehors », commente Yannick Ghoris.
Cette enquête révèle que le profil des travailleurs saisonniers a évolué. Les demandeurs d’emploi, les seniors et les retraités sont de plus en plus nombreux à occuper un job saisonnier. « Avec la crise et la montée du chômage, les personnes subissant des difficultés professionnelles ont recours à ce type d’emploi par défaut. C’est une solution temporaire faute de trouver un emploi plus stable et mieux rémunéré », constate la secrétaire nationale Inès Minin. Pour la moitié des jeunes environ, les jobs d’été ne sont plus tant un moyen de gagner de l’argent de poche que de vivre le reste de l’année. « À côté de mon travail de saisonnier, je recherche un emploi plus stable. Un CDI m’aiderait à faire des projets. Actuellement, je suis obligée de vivre chez mes beaux-parents », confie Mathieu, saisonnier depuis quatre ans au Parc Bagatelle (Pas-de-Calais). La difficulté à se loger en été dans les villes touristiques figure parmi les principales préoccupations des saisonniers. La CFDT mène une réflexion avec les collectivités territoriales et le monde universitaire visant à définir des modalités d’accueil et de location à moindre coût.
Un solide accompagnement en cas de litige
En cas de litige avec un employeur, les militants de la CFDT se font médiateurs. « Sur le lieu de travail, nous avons juste le temps de donner le matériel. Nous donnons rendez-vous aux saisonniers en fin de journée sur notre point d’accueil pour discuter de leurs préoccupations. Nous pouvons soit leur répondre directement, soit les aiguiller vers le syndicat de référence », explique Bruno Cagnat, secrétaire régional de l’Uri Midi-Pyrénées. En fin de saison, des conseillers juridiques accompagnent les saisonniers qui ont rencontré des problèmes sur leur lieu de travail. Dans les Pyrénées-Orientales, la CFDT travaille avec la maison du travail saisonnier. Grâce à cette présence régulière sur le territoire, les conditions de travail des saisonniers, peu à peu, s’améliorent.